vendredi 10 avril 2015

AVIS #1 ~ Meursault,contre enquête de Kamel Daoud








Titre : Meursault, contre-enquête
Auteur : Kamel Daoud
Éditeur : Actes Sud
Langue d'écriture : Français
Nombre de pages : 160 pages
Moyenne Livraddict : 14,1 / 20







La couverture:

 

Bizarrement, en voyant cette couverture pour la première fois, je l'ai associé directement à l’Étranger, d'Albert Camus. Vous me direz, comment ne pas faire de lien avec l'image de cette plage interminable, cet homme solitaire et ce soleil écrasant qui inonde le paysage? Et bien vous aurez raison puisque cette couverture est, selon moi, complètement représentative de l’œuvre de Camus. Ainsi, les fans de Camus, dont je fais partie, seront très certainement tout aussi sensible à cette couverture. 
Je ne pense pas pouvoir dire qu'elle est jolie ou alors déplaisante ; simplement qu'elle représente bien le livre qu'elle ré-écrit et interprète

Pourquoi j'ai lu ce livre?


Comme je vous l'ai dit précédemment, Camus est mon auteur préféré de (très très) loin et L’Étranger l’œuvre que je préfère (et que j'ai très certainement le plus relu d'ailleurs)

En entendant que ce livre allait être utilisé comme support d'une ré-interprétation par un auteur qui se positionnerait au sein même de l'histoire, je me suis dit qu'il fallait ABSOLUMENT que je le lise. Ni une ni deux, je l'ai ajouté à ma WishList et, très récemment j'en ai entamé la lecture.

Mais alors, le pitch c'est quoi?


"Cet homme qui soliloque dans un bar, nuit après nuit, c’est le frère de l’Arabe tué par Meursault dans le fameux roman de Camus, L’Étranger. Cinquante ans après les faits, il rend un nom au mort et donne chair à cette figure niée de la littérature : l’Arabe. Sa frustration et sa rage ne se sont pas apaisées au fil des ans, et l’obscurantisme de l’Algérie contemporaine ne saurait calmer sa soif de reconnaissance. Un roman profond sur les héritages qui conditionnent le présent et sur le pouvoir exceptionnel de la littérature pour dire le réel"

Ce que j'en pense :  


Je préfère vous prévenir, même si vous allez très rapidement vous en apercevoir, ce livre a été une énorme déception pour moi. 
La faute me revient peut être dans le sens où j'ai beaucoup attendu de cette lecture que je voulais en continuité du travail originel que j'ai tant aimé. Sauf que voilà, ce Kamel Daoud n'est pas Camus.. Le style, la manière d'envisager l'histoire et de la transcrire est totalement différente et cela se ressent (trop) 
Et puis, faut dire, Daoud il le malmène Meursault.. Il faut savoir que lorsque l'on lit L’Étranger pour la première fois, celui-ci paraît irrespectueux, beaucoup trop je-m’en-foutiste et un brin prétentieux. Sauf que quand on commence à vraiment « le connaître » on découvre un personnage bien plus profond, avec une philosophie de vie plus qu'honorable. 
Or, dans ce bouquin-ci j'ai trouvé que Kamel Daoud ne s'appuyait que sur les faux-semblants de Meursault.. Et c'est bien dommage parce qu'au final, c'est vrai que sans lecture approfondie du travail de Camus, on a bien envie de le détester ce « tueur d'Arabe ». Alors qu'il est vraiment génial (si si !)

Hormis ces critiques toutes à fait personnelles, je pense que la critique majeure que je peux attribuer à ce livre est le fait que l'auteur mélange les genres littéraires sans forcément tous les exploiter correctement. Je m'explique : dans cette ouvrage, on trouve un aspect romancé, une critique du roman de Camus ainsi qu'une réflexion philosophique sur la vie, la mort, la vengeance et l'histoire de l'Algérie. Et tout ça en 160 pages. Finalement, on se retrouve avec une page de fiction, deux de réflexion, une demi d'histoire (et ainsi de suite) et on est un peu perdu..

Sans compter le narrateur, qui s’adresse à nous par l'intermédiaire d'un homme qu'il aurait rencontré dans un bar et à qui il parle pendant tout le récit... Là encore je n'ai pas compris l'intérêt de ce choix de narration..

Bref, vous l'aurez compris, je n'ai pas apprécié ma lecture.

Ma déception est d'autant plus grande que je trouve l'idée de départ tout à fait brillante. En effet, le narrateur se place comme frère de la victime de Meursault dans l’Étranger, ce qui lui laisse le champ libre pour clamer sa rage et sa haine sans limite pour celui qui se fera condamner à mort. Tout aussi positif et agréable est le fait que l'on observe sans difficulté que Kamel Daoud a fait des recherches très poussées sur l’œuvre de Camus. Il maitrise le livre originel sur le bout des doigts et s'en sert pour faire quelques allusions qui raviront tout de même les lecteurs de la première heure.   

Je finirai sur une note positive en notant le style très agréable de l'auteur, qui fait passer ces 160 pages (un peu) plus vite.

Je conseille ce livre à..


Après tout ça, difficile de vous dire que je vous conseille cette lecture. Toutefois, je vous invite à le lire si vous êtes curieux de voir ce que cette ré-interprétation donne et que vous voulez le lire de vous-même. De surcroît, en lisant certaines critiques, j'ai découvert que beaucoup avait apprécié ce livre pour la réflexion qu'il portait sur l'Algérie contemporaine ainsi que pour tout l'aspect philosophique de l’œuvre.

Quelques citations pour terminer..

 

"La religion pour moi est un transport collectif que je ne prends pas. J'aime aller vers ce Dieu, à pied s'il le faut, mais pas en voyage organisé."

"Quand on meurt à cent ans, on n'éprouve peut-être rien de plus que la peur qui, à six ans, nous saisissait lorsque, le soir, notre mère venait éteindre la lumière."

“l’heure du crime ne sonne pas en même temps pour tous les peuples.
Ainsi s’explique la permanence de l’Histoire.”

 

"Si vous tuez une seule âme, c’est comme si vous aviez tué l’humanité entière"



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